Le bâtiment de La Colonie, hôtel d’abord, puis colonie de vacances, qui en conserve les caractères architecturaux, fut finalement restauré par Cyril Lérisse en 2006, avec le projet, tout en perpétuant la tradition de l’accueil des pèlerins, d’offrir un hébergement plus cossu, et de conjuguer dans la grande salle du rez-de-chaussée des tables d’hôtes, un lieu d’exposition pour l’art moderne et contemporain, une brocante, et d’agrémenter le tout de champagne, La Colonie représentant les champagnes Chauvet. Il fallait le site qui convienne, c’est-à-dire Aubrac dont l’isolement appelle cette diversité concentrée. Il fallait encore un bâtiment à la mesure de ce grand écart, et celui de La Colonie s’y prêtait compte tenu de ses dimensions et de sa répartition entre de nombreuses chambres et de vastes salles adaptées à la collectivité.
Il fallait encore quelqu’un qui ait l’expérience multiple de l’accueil, du savoir-vivre et de l’entreprise. La Colonie, entreprise d’un seul homme, est devenue celle de son épouse, Lizette, et d’une famille franco-mexicaine, polyglotte. Ainsi est né ce lieu d’échanges, en toute discrétion, aussi bien en espagnol, en italien, en anglais, et en français ! Des chambres confortables et parfois une table d’hôtes abondamment garnie de spécialités régionales ou des environs immédiats, tels que le vin d’Entraygue, très exceptionnellement un aligot. Les modalité d’accueil ont évolué quant à la restauration, orientée vers une cuisine de marché mais, sur les grandes tables, apparaissent encore les charcuteries, les vins du terroir, d’autres plus élaborés, et toujours le champagne…
De l’ancien « Hôtel Parisien » en noir et blanc ne restent que les trente-cinq fenêtres sur la façade, qui en comptait d’ailleurs trente-sept. Sans parler des portes, qui furent, avec l’escalier extérieur, les plus importants travaux extérieurs entrepris sur l’hôtel. Cyril Lérisse poursuivit ces travaux, qui, à l’intérieur, touchèrent la totalité du bâtiment, depuis le rez-de-chaussée transformé en une vaste salle d’un seul tenant et très lumineuse, ouverte, par la suppression d’une partie du plafond, sur le hall du premier étage ; et jusqu’au troisième étage, transformé en loft. Ces transformations avaient pour but non seulement de remodeler l’espace, mais encore l’atmosphère et l’esprit du lieu.
Des contraintes de promiscuité propres à la vie en collectivité, le charme seul été conservé, laissant toujours plus à chacun le loisir de séjourner comme il le souhaite dans le lieu, à la fois ouvert et permettant de se retirer. Ce ne fut pas une décision brutale, mais bien l’évolution d’un travail d’accueil devant des demandes nouvelles : plutôt que les pèlerins amenés par le chemin de Saint-Jacques et faisant étape, ce sont des hôtes qui viennent à présent séjourner à La Colonie.
Après sa reprise en main, d’abord une salle de brocante avec un soupçon de galerie d’art çà ou là, proposant une table et des chambres d’hôtes en plus du gîte, La Colonie proposa davantage des locaux spacieux à sa clientèle, offrant la possibilité de séjourner en groupe et sans contact obligé avec le reste de l’établissement. Avec la création des chambres familiales, d’un loft, une construction contemporaine privée réalisé par l’architecte Jean-Pierre Van Wambeke, ami de la famille…
Ces transformations du bâtiment se sont évidemment accompagnées d’évolutions humaines semblables, et les habitués, sans former un club, ont apporté au lieu leur part d’ambiance, de savoir faire, de culture ou de sagacité… La grande cuisine collective est toujours accessible pour se préparer une infusion, mais les loft et appartement de La Colonie permettent à leurs occupants de préparer leurs propres repas. Aussi, l’espace du rez-de-chaussée, suscitant le passage et la curiosité, devient un lieu de rencontre avec les personnes aussi bien que les objets.
Lorsqu’on arrive à La Colonie, la porte s’ouvre sur un hall ample et clair, qui pourrait rappeler, par son caractère hétéroclite, un hall de gare sans trains ni voyageurs mais peuplé d’objets sur des tables et des présentoirs, où l’on devine une évidente sensibilité à ce que peut raconter toute forme dont on a perdu l’habitude et oublié l’usage.
Dans un registre plus personnel et intime, les chambres conservent pourtant l’atmosphère de cette grande salle : son mobilier, mais encore un goût marqué pour le décorum y rappellent la boutique. Terme qui pourrait être remplacé par celui de salon, puisque, si le mobilier est quelques fois à vendre, on est cependant invité à l’essayer et, à portée de main de certains fauteuils, ce sont des piles d’ouvrages consacrés notamment à la photographie ancienne ou contemporaine qu’on peut consulter inlassablement sans être importuné par le va et vient, ou bien alors ce sera par le bruit léger d’un bouchon quittant son goulot, et le chuintement du champagne avant que l’on trinque… puis on poursuivra sa lecture.
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